Ca fait quoi un dessin...?
Un des premiers boulots que j’ai effectués dans mes jeunes années a été l’illustration de livres. Entre des jobs d’enfer comme serveuse, baby-sitter et livraisons à domicile sur un vélo, je rêvais du travail qui me permettrait de faire ce que je sais le mieux faire, c’est-à-dire dessiner. Mais les conditions de travail y étaient pathétiques : une masse d’illustrations à la va vite, en un temps ridicule et un salaire du tiers-monde. Dans ces conditions je ne pouvais guère briller et accomplir ce que mes qualités avaient à offrir. Mais cet arrangement a duré tout de même quelques années dans ma vingtième décennie et en fin de compte pas détestable après tout.
Plus tard, cette occupation s’est effacée au profit d’un panachage d’engagements qui m’obligèrent à gagner ma vie au moyen de boulots plus lucratifs. Mais toutes ces années-là, j’ai continué à peindre et à illustrer, le plus souvent sans la compensation adéquate.
Désormais, depuis environ 14 années, je possède un studio d’art ou je crée dans des conditions professionnelles des tableaux et des illustrations pour des clients privés ou d’affaires. Je suis très versée dans l’art de travailler avec des clients de tous bords, très concentrée sur les desiderata des clients, toujours en écoute de leurs attentes.
Au cours du temps, j’ai aussi appris une ou deux choses de la vie, terminé une maitrise d’histoire de l’art. L’exploration de l’art me fournit un riche contexte pour tous les travaux que je réalise. Même si pour le moment je suis davantage occupée à peindre des portraits très recherchés, dont la demande ne cesse de croitre, j’ai toujours dans mon cadre d’arrière-plan une longue tradition d’artistes depuis l’aube de l’humanité.
Hormis l’influence des traditions artistiques, j’ai accumulé pendant des années les conceptions de chercheurs dont j’ai lu les ouvrages et bien sûr, autour de ma recherche pour ma thèse sur le Caravage et le monde de l’alchimie. C’est dans ces circonstances que j’ai découvert la théorie de l’artiste shaman (voir poste antérieur) et que je m’en suis imprégnée.
Quand je crée une œuvre pour un client, je suis à ce point immergée dedans, dans l’objet du tableau et sa teneur, que parfois l’immersion va jusqu’à une sorte de transe. C’est pourtant le métier le plus matériel possible mais je ressens clairement que je me trouve alors dans une autre dimension et que je sers de médiateur entre l’imaginaire de la vision du client et le travail concret qui transmet la substance à un tiers, à d’autres yeux.
Dans la vidéo jointe vous pouvez voir en accéléré un exemple d’illustration tout en pensant et parlant de l’artiste en tant que shaman.