Eurovision 2019 en Israël - Le portrait d’un pays
Le concours de l’Eurovision a pris fin. Ce fut une explosion de créativité grandiose. Cet évènement est à l’image d’un pays à un moment précis, lors de l’organisation d’une manifestation internationale, alors qu’il est exposé au regard de millions d’yeux étrangers de par le monde. Israël a pris le parti de présenter un portrait d’évènements plein à craquer, en termes de spectacle, de textes, de coups de pub et d’effets spéciaux. Il parait que cette réalisation a été jugée la meilleure dans toute l’histoire du concours de l’Eurovision.
Le concours de l’Eurovision a occupé des milliers de personnes en Israël pendant de longs mois. Au fur et à mesure que la date fatidique approchait, les media inondaient le public de détails sur les programmes dans son sillage, des discussions autour du cœur de l’évènement jusqu’au concept de l’Eurovision, et sans oublier la lointaine tradition qui s’y rattache avec tout de qu’il fallait de moments attendrissants.
L’Edition du concours de l’Eurovision 2019 en Israël semble avoir voulu résumer les précédentes éditions en y apportant une infinité de références. En fait, on dirait que cette édition essayait d’absorber toutes les précédentes et elle y a peut-être réussi. Sa dimension et ses exagérations ressemblaient vraiment à un assaut mégalomaniaque et frénétique.
A la fin du concours et le lendemain, les media vibraient d’hystérie collective et bourdonnaient sur tous un tas de sujets. Si bien que rétrospectivement l’Eurovision pourrait constituer une sorte de portrait qui reflète l’Etat d’Israël, constamment inondé des faits du jour, toujours débordé d’alertes infos, d’évènements extrêmes et d’excitation délirante.
Ce portrait est réverbéré dans les media mais pas seulement. Cette bruyante densité est ressentie dans les rues, sur la route, dans les institutions publiques, la politique extérieure et intérieure, sur les frontières du nord et du sud. La sensation d’agitation constante, d’hystérie, d’engorgement… on frôle l’accident à chaque instant dans les rues, les autoroutes, les frontières, le BTP, au travail, dans les hôpitaux, en ville, dans les villages et même dans les réserves naturelles. Tout est saturé. Sale, chaud et en déclin.
Ce concours de l’Eurovision en Israël n’aurait sans doute pas pu être conçu différemment ou avoir un autre aspect puisqu’il dépeint précisément le public qui le représente et qui correspond à l’Etat. La performance de notre représentant au concours de l’Eurovision était à l’avenant, remplie d’émotivité ; son corps trépidait d’excitation, sa chanson déclinée dans un style d’opérette, plus grand que la vie. Rien n’y manquait, pas même l’effondrement final dans les larmes. C’était là un bref résumé de l’histoire d’Israël en trois minutes d’interprétation. Le groupe de chanteurs qui l’accompagnaient paraissait du coup très modérés, même dans leurs uniformes noirs tandis que la chorégraphie prenait un air de cérémonie du souvenir et de deuil, qui sont aussi des aspects saillants de l’ethos israéliena.
De ce fait, la personne de Kobi Merimi est tantôt adorée, tantôt détestée par vagues par le public israélien, à l’instar du sol sur lequel il évolue, brulant. Rire et pleurer dans des accès maniaco-dépressifs, courir en folie sans savoir de quoi sera faite la suite de l’existence et son caractère, quel avenir nous attend, l’Eurovision en boucle ou le règne de la sharia ou le judaïsme ultra-orthodoxe...