Usine n. 4 // Art dangereux
Il y a un peu plus d’une semaine, le musée de Haïfa a présenté une manifestation baptisée Usine n.4 // Art dangereux.
La soirée consistait en une variété de prestations présentées par divers artistes. Les prestations avaient lieu dans les espaces du musée sur plusieurs étages,avec pour arrière-plan les expositions du moment. Dans l’un de ces espaces, en complément aux tableaux installés sur les murs, s’ajoutaient les travaux de « Cochinta », le collectif qui créé des agencements au crochet. Les pièces exposées sur le sol étaient vraiment impressionnantes. Les membres du collectif sont des femmes africaines qui ont survécu aux tortures des camps des trafiquants bédouins (explications fournies par le site web du musée). Ces femmes ont travaillé leurs créations en collaboration avec l’artiste Gil Yifman.
Le charme de ces pièces tient surtout à leur absence de prétention dans la technique traditionnelle de l’artisanat féminin, chaud et délicat. Le tricot est une action propice à la méditation par son côté répétitif, qui permet en même temps une créativité infinie dans un matériau voluptueux à l’œil et au toucher. Yifman pimente l’expo par une autre facette, l’humour, formulé dans un agencement tricoté, semblable à un totem tribal doté d’yeux bariolés.
L’agencement en question apporte une touche ethnique au tricot et rappelle ainsi les origines antiques d’un monde de lenteur mais aussitôt les yeux enjoués me renvoient à l’art contemporain fébrile et au monde trépidant dans lequel les images remplacent les paroles. Yifman semble vouloir réveiller l’ancien monde du travail féminin désormais assoupi, d’autant que leur travail permet de se connecter à la grand’route vitale des images qui grouillent autour de nous. Les yeux au crochet, signes du clinquant, du rapide, du voyeurisme et d’une insatiable curiosité, tentent de se frayer un chemin dans ce monde.